L'Annonciation et le fil à plomb de la vérité

 

Mes frères et sœurs en Christ,

Lorsque l'archange Gabriel apparut à Marie, le monde ne le remarqua pas. Aucun gouvernement ne fit de déclaration. Aucun érudit ne se précipita pour l'analyser. Mais dans cet instant de silence, le Ciel toucha la terre. Le Verbe éternel entra dans le temps, et la Vérité elle-même commença à habiter parmi nous.

Arrêtons-nous là. Car c'est par là que nous devons commencer. Non pas par les gros titres. Ni par les prévisions politiques. Mais par le silence de l'Annonciation.

Ce moment caché, où la Vierge Immaculée, pleine de grâce et choisie de toute éternité, reçut le message qui diviserait à jamais le temps et l'éternité.

Et l'ange étant entré, lui dit : Je te salue, pleine de grâce ; le Seigneur est avec toi ; tu es bénie entre toutes les femmes. (Luc 1:28)

Section I : Retour au fil à plomb spirituel

Dans le livre d’Amos, le Seigneur donne une vision au prophète :

Voici ce qu'il me fit voir : l'Éternel se tenait près d'une muraille construite au fil à plomb, un fil à plomb à la main. L'Éternel me dit : « Amos, que vois-tu ? » Je répondis : « Un fil à plomb. » L'Éternel dit : « Voici, je mets un fil à plomb au milieu de mon peuple d'Israël ; je ne passerai plus jamais au-dessus d'eux. » — (Amos 7:7-8)

Ce fil à plomb, c'est le Christ. Immuable. Intransigeant. Vérité incarnée. Dans un monde déformé par les idéologies, les peurs et les factions, nous avons plus que jamais besoin de ce fil à plomb. Il ne change pas au gré des élections. Il ne s'incline pas au gré de l'opinion publique. Il est fixé au Ciel et révélé en Christ.

Ce n'est pas une métaphore que nous pouvons ignorer ; c'est une clarté divine introduite dans l'histoire humaine. Le fil à plomb dans la main de Dieu révèle la perversité spirituelle d'un peuple errant. Et Dieu ne le laisse pas tomber hors de la ville, ni hors du sanctuaire ; il le place au milieu de son peuple. Il ne mesure pas les païens ; il mesure les siens : l'Église, la famille, les bergers, les fidèles – tous sont soumis à la ligne du Christ.

Dire que le Christ est le fil à plomb, c'est dire que nous ne pouvons plus définir ce qui est droit et vrai – c'est Lui qui le fait. Sa Parole. Son Évangile. Son Corps et Son Sang. Ses commandements. Sa vie même est le fil à l'aune duquel tout le reste est jugé. Et tout comme Dieu a dit à Amos : « Je ne les dépasserai plus », nous sommes avertis : il arrive un moment où la patience de Dieu se transforme en justice. La miséricorde retarde le jugement, mais ne l'annule pas.

Nous devons nous demander : comment construisons-nous ? Nos murs sont-ils droits ? Nos autels sont-ils de niveau ? Notre témoignage est-il en harmonie avec la Vérité éternelle du Seigneur ? Car, que cela nous plaise ou non, le fil à plomb est déjà suspendu au milieu de nous.

Section II : Le danger de la dérive par rapport au centre

Si l’Éternel ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent travaillent en vain. (Psaume 126:1)

Trop de catholiques se tournent vers l'activisme sans adoration, vers les commentaires sans contemplation, vers la rhétorique sans repentance.

Saint Pierre Canisius a un jour averti :

Il vaut mieux qu'il ne reste que quelques catholiques, fidèles et sincères dans leur religion, plutôt que de les voir, en demeurant nombreux, désirer en quelque sorte être de connivence avec les ennemis de l'Église et en conformité avec les ennemis déclarés de notre foi. — (Lettre au pape Pie V, 1566)

Il ne s'agit pas de se retirer de la place publique. Mais il faut se rappeler que l'Église n'est pas là pour faire écho au monde. Elle est là pour le convertir.

Nous devons être particulièrement vigilants lors de rassemblements comme celui-ci, où des personnes viennent avec des préoccupations passionnées : les excès des gouvernements, les politiques climatiques, l’effondrement économique, la mondialisation, le sionisme, les guerres et toutes les puissances qui semblent faire trembler la terre. Ces sujets sont importants, mais ils ne sont pas au cœur du débat. Si nous perdons ce centre, tout le reste s’effondre. Et le centre, c’est le Christ. Pas le climat. Pas le pays. Pas les commentaires. Le Christ.

Si nous ne sommes pas enracinés en Lui – dans sa Parole, dans son Eucharistie, dans son Sacré-Cœur – alors notre travail, même sincère, devient du bruit. Nous devons veiller à ne pas ériger des tours d'analyse et d'action qui ne soient pas ancrées dans la prière. Le diable est plus que ravi de nous laisser obsédés par les batailles terrestres, à condition que nous oubliions la guerre éternelle pour les âmes.

Notre mission ne se limite pas à dénoncer la corruption ou à critiquer les idéologies. Notre mission est d'appeler le monde à la repentance et à la communion avec Dieu. Cela commence non pas par un mégaphone, mais par un ostensoir. Non pas par la rage, mais par le respect.

Ne nous laissons pas séduire par le tourbillon des causes. Retournons au silence où Dieu parle. Comme le dit l'Écriture : « Si l'Éternel ne bâtit la maison… »

Nous devons le laisser le construire – à travers nous, oui – mais seulement si nous restons centrés sur Lui.

Section III : Le « fiat » de Marie comme modèle

Voici la servante du Seigneur ; qu'il me soit fait selon ta parole. — (Luc 1:38)

Elle n’a pas dit : « Que cela soit fait selon ce qui me semble logique », ou « Que cela soit fait selon les données. » Elle s’est soumise à la Parole – et dans cette soumission, la Vérité a pris chair.

Le pape Pie XII a proclamé :

Car rien n’a jamais été plus digne de Dieu que le Fils unique du Père… soit né d’une Vierge. — (Mystici Corporis Christi, 1943)

L'Annonciation n'est pas seulement un joyeux mystère, c'est un défi radical lancé à chaque génération. Accepterez-vous la vérité ou y résisterez-vous ?

Le fiat de Marie – « Fiat mihi secundum verbum tuum » [Qu'il me soit fait selon ta parole] – est le premier grand acte d'abandon de l'Église, et il doit rester le nôtre. Dans un monde avide d'autonomie et allergique à l'obéissance, sa réponse demeure une épée pour l'esprit moderne. Elle ne négocie pas avec Dieu. Elle ne demande pas de garanties. Elle consent les mains ouvertes et le cœur transpercé.

Son « oui » n’est pas passif. Il est farouchement humble. Elle accepte un chemin de souffrance, de scandale et de solitude – non pas parce que c’est facile, mais parce que c’est vrai. Elle accueille la Parole – non pas parce qu’elle comprend tout, mais parce qu’elle fait confiance à Celui qui la prononce.

À cet instant, le Dieu éternel est entré dans le temps, non pas par les portes de l'empire ou du temple, mais par le décret d'une vierge. C'est sa foi, et non sa stratégie, qui lui a ouvert la porte du salut.

C'est le modèle que nous devons imiter. Si nous essayons de façonner notre mission selon la logique humaine, nous passerons à côté du miracle. Si nous recherchons la sécurité plutôt que la sainteté, nous finirons par faire des compromis plutôt que d'avoir Christ.

Le fil à plomb de la vérité a été accueilli dans le monde par son « oui ». Si nous voulons revitaliser notre Église, revitaliser nos familles et résister au flot de mensonges, il faut commencer de la même manière : non pas par des projets orgueilleux, mais par un cœur soumis.

Section IV : La bataille dans laquelle nous sommes actuellement

Car nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations et les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes. — (Éphésiens 6:12)

Il est tentant de se concentrer sur les menaces terrestres. Mais le véritable combat est spirituel. Tandis que d'autres parlent d'économie ou de réseaux énergétiques, je parle de grâce. Car la grâce survivra à tous les empires.

Les premiers chrétiens n'avaient aucune influence. Pas d'armée. Pas de vote. Mais ils avaient le Christ – et cela a bouleversé le monde.

Aujourd'hui, nombreux sont ceux qui tirent la sonnette d'alarme concernant les pénuries alimentaires, les monnaies numériques, la corruption politique, les alliances mondiales, les enjeux climatiques et l'intelligence artificielle. Ces préoccupations sont réelles, mais elles ne sont pas à l'origine du problème. L'origine est toujours spirituelle. Les puissances des ténèbres se soucient peu de votre approvisionnement en carburant ; elles veulent votre foi. Elles ne craignent pas l'effondrement économique, mais le renouveau eucharistique. L'ennemi ne se contente pas de manipuler les gouvernements et les monnaies. Il en veut à votre âme.

Saint Paul nous rappelle que notre combat n'est pas contre la chair et le sang – pas en fin de compte. Les politiciens vont et viennent. Les tyrans s'élèvent et tombent. Mais en coulisses, les démons élaborent des stratégies. Ils se livrent à la confusion, à la distraction et au désespoir. Et lorsque nous oublions cela – lorsque nous réduisons la crise à la politique, aux politiques, voire aux épidémies – nous finissons par combattre les ombres avec des bâtons.

Nous devons revenir aux armes de lumière : la prière, le jeûne, la vérité, le Rosaire, la Sainte Eucharistie. Nous devons fortifier nos âmes plus que nos caves. Nous devons revêtir l’armure de Dieu, car aucun bunker ne vous protégera si votre âme est sans défense.

L'Église primitive a affronté des empereurs et des lions, mais sa force ne résidait ni dans le nombre ni dans l'influence. Elle résidait dans le feu de la grâce. Ils ont bouleversé le monde sans épée, sans tribune, sans siège à la cour de César – mais avec le nom de Jésus sur les lèvres et la Croix dans le cœur.

Si nous oublions que la véritable guerre est spirituelle, nous serons entraînés dans mille escarmouches sans en gagner aucune. Mais si nous demeurons dans la grâce, enracinés en Christ, nous demeurons victorieux, même si le monde s'effondre autour de nous.

Section V : Le véritable appel à la préparation

Saint Alphonse de Liguori a dit :

Celui qui prie est sauvé ; celui qui ne prie pas est damné. — (La prière : le grand moyen du salut et de la perfection, ch. 1)

Soyons clairs : un générateur ne sauvera pas votre âme. Un garde-manger bien approvisionné ne vous protégera pas du jugement. Un chapelet prié avec foi et repentance fera plus que toute votre planification stratégique réunie.

Préparez-vous, oui, mais préparez-vous dans la sainteté. Soyez autonomes dans la vertu. Soyez prêts dans la grâce.

Nous vivons à une époque où l'instinct de préparation est fort – et à juste titre. Mais une préparation qui oublie l'éternité est un piège. Trop nombreux sont ceux qui sont plus prêts à subir des pertes de connaissance qu'à être jugés. Ils ont des batteries de secours et des plans d'évasion, mais pas de repentir. À quoi bon survivre à l'effondrement sans être prêt à se présenter devant le trône de Dieu ?

Saint Alphonse ne parle pas par métaphore poétique, mais avec une urgence éternelle. La prière n'est pas un outil facultatif ; elle est l'oxygène de l'âme. Sans elle, la grâce s'étiole, le discernement s'affaiblit et le péché trouve des portes ouvertes.

Il n'y a rien de mal à faire des réserves, à planter des graines ou à acquérir des compétences. Mais si nous ne sommes pas riches en Esprit, nos greniers sont vides. Si nous ne sommes pas disciplinés dans la vertu, nos armes sont faites de paille. La véritable tempête n'est pas celle qui balaie le pays, mais celle qui cherche à emporter les âmes dans le désespoir, l'illusion et la destruction.

Ce qui compte le plus, ce n'est pas la quantité de nourriture que vous avez emmagasinée dans votre congélateur, mais l'humilité que vous avez emmagasinée dans votre cœur. Les saints n'ont pas survécu par autonomie ; ils ont enduré en se soumettant. Leur préparation était la pénitence. Leur refuge était la sainteté. Leur défense était le sang du Christ.

Nous devons apprendre à vivre comme si l'éternité comptait – car c'est le cas. Quand le monde commencera à trembler, seuls ceux qui se sont déjà agenouillés survivront.

Section VI : Une parole prophétique pour ce moment

Malheur à vous qui appelez le mal bien, et le bien mal, qui changez les ténèbres en lumière, et la lumière en ténèbres. — (Ésaïe 5:20).

Proclamez la vérité et ne vous taisez pas par peur. — (Sainte Catherine de Sienne, Lettre T368 à Raimond de Capoue)

Nous devons parler. Non pas pour gagner des partisans, ni pour remporter des débats. Mais parce que le Christ est la Vérité, et nous ne devons pas avoir honte de lui.

Aujourd'hui encore, dans l'Église, la vérité est souvent trahie. Le Christ est à nouveau crucifié – par le silence, le compromis et la trahison. Mais dès maintenant, Dieu recherche des âmes qui diront fiat à Marie – qui permettront au Verbe de redevenir chair par leur fidélité.

Ce n'est pas le moment de se lamenter. Ce n'est pas le moment de rester neutre. L'avertissement d'Isaïe s'adressait au peuple de Dieu qui avait perdu toute conscience morale. Nous le constatons aujourd'hui : de bons prêtres réduits au silence, des catholiques fidèles calomniés, le péché célébré et la lâcheté applaudie. Il y a des bergers qui bénissent ce que Dieu condamne. Il y a des érudits qui déforment la doctrine. Et il y a des fidèles assis sur les bancs, confus et las, se demandant si quelqu'un dira la vérité à haute voix.

Sainte Catherine n'a pas dit : « Proclamez la vérité si c'est sûr. » Elle a dit : « Ne gardez pas le silence par peur . » La vérité n'est pas une opinion. C'est une Personne : Jésus-Christ. Et lorsque nous avons honte de Lui, nous ne sommes pas différents de Pierre au feu – nous réchauffant pendant que le Christ est jugé.

Nous devons proclamer la vérité, car c'est le seul moyen de sauver les âmes. Nous devons parler quand cela nous coûte quelque chose. Et lorsque la vérité est à nouveau crucifiée à notre époque – que ce soit par lâcheté dans les chancelleries, par compromission liturgique ou par collusion avec le monde – nous devons continuer à dire, par notre vie : Il est Seigneur.

Dieu recherche toujours ceux qui ne se contenteront pas de répéter des paroles pieuses, mais incarneront la vérité avec feu et fidélité. Qui permettra au Verbe de redevenir chair – par le courage, la clarté, le témoignage sacrificiel ? Tel est l'appel prophétique du moment.

Exhortation finale : tout réaligner

Jésus-Christ, hier et aujourd'hui, et le même éternellement. — (Hébreux 13:8)

Le fil à plomb ne se plie pas. Et nous non plus.

Soyez comme Marie. Recevez la Parole. Portez la Parole. Laissez la Parole prendre chair dans votre vie.

Que votre fiat soit la réponse que le Ciel entend de la part des fidèles.

Le monde bascule. La vérité est bafouée. Même au sein de l'Église, nombreux sont ceux qui se déforment pour s'adapter à l'esprit du temps. Mais Jésus-Christ n'a pas changé – et ne changera jamais. La Parole demeure la même, et le fil à plomb est toujours suspendu au milieu de nous. Il ne s'adaptera pas à notre confort. Il ne s'inclinera pas pour correspondre à nos préférences. Nous devons nous y réaligner – sinon nous tomberons.

Il est temps de mettre de l'ordre dans nos âmes. Nos priorités. Notre façon de parler. Nos foyers. Nos ministères. Notre Église. Tout doit être ramené en harmonie avec Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie.

Ce n'est pas le moment d'attendre. Les murs se fissurent. Les tempêtes se lèvent. Mais si nous sommes ancrés dans le Christ, nous ne serons pas ébranlés. Si nous vivons selon le fil à plomb de sa Parole – claire, inébranlable, incarnée – nous ne dériverons pas.

Regardez Marie. Quand la confusion s'est installée dans le monde, la clarté a pénétré son sein. Quand la peur a plané sur la terre, la foi s'est affirmée dans son « oui ». Son fiat n'était pas un slogan, c'était un abandon. Et dans cet abandon, le Verbe divin s'est incarné.

Qu'il en soit ainsi pour nous. Que votre vie prêche l'Évangile. Que vos paroles reflètent le ciel. Que votre âme soit un refuge pour la vérité. Dites oui à nouveau. Dites oui quand cela vous coûte cher. Dites oui quand vous avez peur. Dites oui quand vous vous sentez seul. Dites oui quand les autres s'éloignent.

Que le ciel entende l’écho de la voix de Marie – non seulement de Nazareth, mais de nous, ici et maintenant.

Fiat mihi secundum verbum tuum.

Qu'il me soit fait selon ta parole.

Si même un reste le dit et le pense, l’Église sera renouvelée et le monde verra le Christ – clair, inflexible, victorieux – briller à travers nous.

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