Nunzio SULPRIZIO

Saint, laïc

(1817-1836)

Le dimanche 13 avril 1817, vient au monde, dans un village du centre de l’Italie, un enfant qui reçoit le Baptême le jour même, sous le nom de Nunzio, en l’honneur de l’Annonciation de la Bienheureuse Vierge Marie.

Son père, Domenico Sulprizio, est cordonnier, et sa mère, Rosa Luciani, fileuse.

 L’enfant n’a que trois ans quand il reçoit le sacrement de la Confirmation, lors du passage de l’évêque de Pescara dans une bourgade voisine.

En août 1820, Domenico, son père, meurt laissant sa femme sans revenus. Deux ans plus tard, Rosa se remarie ; mais le beau-père de Nunzio se montre dur à son égard. Il le frappe et l’humilie pour la moindre peccadille, en sorte que l’enfant devient timide et particulièrement sensible.

Le jeune garçon fréquente alors une petite école ouverte par un prêtre. Il apprend à connaître Jésus, le Fils de Dieu fait homme et mort sur la croix pour l’expiation de nos péchés, commence à prier et s’initie à la lecture et à l’écriture.

Le 5 mars 1823, Nunzio perd sa mère et il est accueilli chez sa grand-mère maternelle, Rosaria Luciani, analphabète, mais riche de foi et de charité.

L’enfant est mis dans une école destinée aux plus pauvres. Il aime servir la Messe et à rendre souvent visite à Jésus au tabernacle. Mais, en 1826, à peine âgé de neuf ans, Nunzio a la douleur de perdre sa grand-mère, qu’il aimait profondément. 

L’enfant est alors recueilli par son oncle Domenico Luciani, appelé familièrement “Mingo”. Cet homme adonné à l’alcool est extrêmement colérique, brutal et grossier. Il retire Nunzio de l’école et le garde comme apprenti dans son atelier de forge, où il l’emploie plus de douze heures par jour, sans aucune attention à son jeune âge ni aux nécessités les plus élémentaires de la vie. Lorsqu’il lui semble que son neveu n’est pas assez obéissant, il le laisse sans nourriture... Les coups, accompagnés de jurons et de blasphèmes, ne lui sont pas épargnés.  

 Sa grande foi le soutient et lui permet de ne pas succomber. Dans l’atelier, en battant l’enclume, il pense à Jésus crucifié, prie et offre ses souffrances, en union avec Lui, en réparation des péchés du monde, pour faire la volonté de Dieu et gagner le Ciel. Le dimanche, même si personne ne l’y envoie, il va à la Messe, sa seule consolation de la semaine.

Un jour, Nunzio reçoit un marteau sur le pied. Il ne peut plus travailler comme avant, et son oncle lui dit : « Si tu ne peux plus lever le marteau, tu resteras immobile et tireras le soufflet ! » C’est une torture indescriptible pour l’enfant. Mingo en vient même à l’attacher aux chaînes du soufflet pour l’obliger à travailler.

Le mal s’aggrave et d’avril à juin 1831, Nunzio est hospitalisé, or le traitement s’avère impuissant à guérir sa plaie qui se gangrène.

De retour chez son oncle, il est contraint de mendier pour survivre... Dans cette situation, le crucifix est son unique lumière.

Francesco Sulprizio, autre oncle de Nunzio, ayant entendu parler du traitement cruel enduré par son neveu, vient, en 1832, à la forge de Mingo et demande que Nunzio lui soit confié. Le forgeron accepte volontiers que ce travailleur inutile lui soit enlevé. Francesco l’emmène à Naples, et le présente au colonel Felice Worchinger. Homme pieux et charitable, celui-ci se déclare prêt à prendre en charge le garçon et à pourvoir en tout à ses besoins.

Nunzio est immédiatement emmené à l’hôpital Santa Maria del Popolo, pour les incurables. Déjà des caries ont attaqué ses os, provoquant de vives douleurs. Devant son inaltérable patience et les vertus qu’il manifeste, les médecins et les malades en viennent à le comparer à saint Louis de Gonzague.

Un prêtre lui demande : « Souffres-tu beaucoup ?

– Oui ; je fais la volonté de Dieu.

– Qu’est-ce qui te ferait plaisir ?

 – Je voudrais me confesser et recevoir Jésus pour la première fois !

– N’as-tu pas encore fait ta première Communion ?

– Non, dans notre région, nous devons attendre l’âge de quinze ans.

 – Et tes parents ?

– Ils sont morts.

– Et qui pense à toi ?

– La Providence de Dieu ! »

On le prépare immédiatement à recevoir Jésus-Hostie ; ce jour est vraiment le plus beau de sa vie.

Dans son calvaire, Nunzio est gratifié de visions de la Sainte Vierge, des anges et des saints. Les bandages de ses plaies commencent à manifester des propriétés miraculeuses : une dame de la cour de Naples en fait l’expérience en les appliquant à son genou malade. …

Les traitements médicaux obtiennent une amélioration : Nunzio peut abandonner ses béquilles et marcher avec l’aide d’un bâton. Sa sérénité s’approfondit par la prière à la chapelle devant le tabernacle et le crucifix, ou bien devant Notre-Dame des Douleurs, ou même au lit. Il devient l’ange et l’apôtre des autres malades, enseigne le catéchisme aux enfants hospitalisés, les prépare à la première Confession et à la première Communion, et leur explique comment vivre plus intensément en tant que chrétiens, à travers la souffrance…

Bientôt, cependant, l’état de Nunzio s’aggrave : le cancer des os dont il souffre ne peut plus être soigné. À l’automne de 1835, les médecins décident l’amputation de la jambe malade, mais la grande faiblesse du patient les oblige à y renoncer.

En mars 1836, la fièvre devient très élevée et le cœur donne des signes de défaillance. La souffrance est très aiguë. Le 5 mai, il demande un crucifix et fait appeler le confesseur. Il reçoit les sacrements, … Vers le soir, il s’écrie, tout heureux : « Notre-Dame, Notre-Dame, voyez comme elle est belle ! » et il s’endort dans le Seigneur.

Il a dix-neuf ans. Un parfum de roses se répand autour de lui ; son corps, abîmé par la maladie, apparaît singulièrement beau et frais. Sa tombe devient immédiatement un lieu de pèlerinage.

le 1er décembre 1963 Paul VI béatifiait Nunzio Sulprizio

Le 14 octobre 2018, le Pape François le canonisait                        

 Dom Antoine Marie osb