
Marie Catherine TROIANI
(1813 - 1887)
Sainte,
religieuse,
fondatrice
Née le 19 janvier 1813, Constance Troiani perd sa mère à l'âge de six ans. On la met alors en pension chez les Oblates Clarisses de Ferentino (Italie).
Intelligente, sensible, d'un caractère très vif, elle est néanmoins obéissante, cherchant à observer le silence et à se corriger de ses défauts. Un jour, des membres de sa famille lui proposent de rentrer dans le monde, mais elle refuse. Heureuse dans son couvent, elle tient à y demeurer pour servir Dieu dans un don radical de toute sa personne.
À seize ans, le 8 décembre 1829, elle prend l'habit sous le nom de Sœur Marie-Catherine. Dès cette époque, elle se sent très attirée par la contemplation de Jésus crucifié et par l'amour de la pénitence.
Son attrait particulier pour la vie cachée, où elle imite Jésus vivant à Nazareth inconnu des hommes, la porte à se détourner des charges importantes Cependant, en raison de ses qualités, on lui confie des responsabilités, dont la principale est la charge de secrétaire de l'Abbesse.
À travers ses divers emplois, Sœur Marie-Catherine s'efforce de vivre avec Dieu, cherchant à lui plaire en tout par le fidèle accomplissement de son devoir d'état ; elle juge que beaucoup de fautes proviennent de l'oubli de la présence du Seigneur.
À son amour de la vie cachée est joint un puissant attrait pour l'apostolat missionnaire. La divine Providence, à qui elle s'en est entièrement remise, lui fera attendre l'âge de 46 ans avant de réaliser ce désir.
En 1852, le confesseur de la communauté, revenant d'un voyage en Égypte, se fait l'écho du délégué apostolique du Caire, Mgr Cuasco, qui se lamente de l'absence de religieuses pour l'éducation chrétienne de la jeunesse. Les moniales de Ferentino décident alors d'ouvrir une maison au Caire. Sept ans après, le 25 août 1859, six religieuses, dont Sœur Troiani, partent pour l'Égypte.
Elles arrivent au Caire le 14 septembre. Le nouveau Vicaire apostolique leur réserve un accueil plutôt froid. Mais elles sont bientôt réconfortées par l'arrivée d'une petite Égyptienne qu'une personne de condition leur confie pour l'élever dans le catholicisme. Les bases de la première école sont jetées. Rapidement des élèves de toutes langues et de toutes religions affluent. La préférence est accordée aux plus pauvres.
Dès le début de cette fondation, Sœur Marie-Catherine devient la Supérieure des religieuses. Elle met tout son soin à éduquer et catéchiser les petites filles, leur présentant Dieu comme un Père très bon qu'il ne faut pas offenser par le péché. Elle veille à former la volonté des enfants en exigeant d'elles, avec douceur et fermeté, l'obéissance. Sa meilleure pédagogie consiste à être pour toutes un modèle de vertu.
À la demande de deux prêtres, qui travaillent à abolir l'esclavage, elle fonde la "Vigne de saint Joseph", œuvre destinée à racheter et instruire les petites esclaves noires. Elle crée parallèlement l'Œuvre des enfants abandonnées. Des fruits abondants sortent de ces œuvres. Les enfants, touchées par la bonté de celle qu'elles nomment "Mamma bianca - Maman blanche", demandent à être instruites des vérités de la foi pour recevoir le Baptême. On trouve aux enfants en bonne santé une nourrice, puis on les place dans des familles où elles vivront dans la dignité. Mais la majeure partie de ces petites sont à bout de forces et meurent bientôt ; la Religieuse leur procure la vie éternelle du Ciel en les faisant baptiser. De là vient le nom de "classe angélique" donné aux enfants ainsi recueillies.
Un jour, la Mère écrit : « Un Turc de Constantinople, cordonnier, m'a procuré à bas prix sept enfants. Il m'en avait apporté trois ou quatre auparavant, qui étaient malades, disant : "Baptisez-les pour qu'elles aillent en Paradis". Lui-même veut se faire chrétien et il a peint un tableau représentant la Madone ».
Pour remplir son rôle missionnaire, Mère Marie-Catherine se trouve dans l'obligation urgente d'agrandir la vieille maison où les fillettes affluent. Elle sollicite une audience du vice-roi d'Égypte, Ismail Pacha. Avec une calme franchise, elle lui demande un toit et du pain, et obtient de lui un terrain ainsi qu'une allocation annuelle de nourriture. Par la suite, le vice-roi, d'un accès cependant difficile, donnera toujours rapidement audience à la Mère avec la plus grande amabilité, voulant être informé des nécessités de l'Institut et y pourvoir "comme un père". La servante de Dieu n'hésite pas à tendre également la main aux riches et aux puissants afin que soient donnés aux enfants des aliments abondants et bien préparés.
Mère Marie-Catherine recourt plus souvent encore à la divine Providence et à saint Joseph. « Tout ce que je demande à saint Joseph, je l’obtiens !» lance-t-elle un jour victorieusement.
En 1863, Mère Marie-Catherine est élue Abbesse de sa communauté. Le développement de son œuvre exige que d'autres sœurs viennent seconder les premières. Mais, malgré les prières de la Mère, le monastère de Ferentino se désintéresse de l'œuvre d'Égypte. La Supérieure se trouve donc dans la nécessité de fonder une famille religieuse autonome. Le 5 juillet 1868, le Saint-Siège érige en Institut les "Sœurs franciscaines missionnaires d'Égypte". Les vocations affluent en grand nombre, permettant la fondation de nouvelles maisons. Ainsi s'ouvrent, de 1868 à 1874, deux orphelinats et quatre écoles.
En 1882, alors que trois nouvelles fondations sont projetées, la guerre anglo-turque éclate. Le consul italien demande aux religieuses du Caire de se préparer à partir, ne pouvant assurer leur sécurité. Après avoir placé quelques enfants dans des familles amies, la fondatrice, les sœurs et le reste des fillettes quittent le Caire pour Rome.
Une fois le calme revenu en Égypte, Mère Marie-Catherine envoie au Caire trois de ses filles pour voir l'état de la maison : tout est resté intact. Merci, saint Joseph ! On organise donc le retour des sœurs. À peine arrivées, elles sont assaillies par leurs anciennes élèves qui reviennent sur les bancs de l'école.
Le 10 avril 1887, le soir de Pâques, Mère Troiani, épuisée, doit s'aliter. Il n'y a aucun espoir de guérison, l'organisme est usé "jusqu'à la corde".
Le 6 mai, ayant reçu la sainte Eucharistie une dernière fois, elle incline paisiblement la tête et rend l'esprit.
Le 7 mai, ses funérailles se muent en triomphe : Chrétiens et Musulmans sont présents pour rendre un dernier hommage à cet apôtre de la charité.
Le 14 avril 1985, le Pape Jean-Paul II béatifiait Sœur Marie-Catherine Troiani
Dom Antoine Marie osb, abbé