Eugène de MAZENOD

(1847 - 1861)

Saint, prêtre,
Fondateur des Oblats
de Marie-Immaculée -
Évêque de Marseille

Fils de la noblesse provençale, Eugène de Mazenod naît à Aix le 1e août 1782 Son père, Charles-Antoine, est seigneur de Saint-Laurent du Verdon et Président de la cour des Comptes.

Dès son enfance, Eugène fait preuve d’une force de caractère peu commune. Pour obtenir ce qu’il désire, il ne pleure pas mais il l’exige par un énergique « Je veux ! »

Il a pourtant très bon cœur et n’hésite pas à payer de sa personne. Encore jeune, au cours d’une visite à des amis de la famille, au seuil de l’hiver, il s’étonne qu’il n’y ait pas de feu dans l’âtre. On lui répond qu’on est trop pauvre pour chauffer tous les jours. Ému de compassion, il quitte précipitamment la pièce et revient bientôt poussant à grand-peine une grosse brouette de bois qu’il renverse triomphalement devant la porte : « Voilà du bois, chauffez-vous maintenant ! »

Un autre jour, il échange ses habits avec ceux d’un petit charbonnier qui grelotte. Sa mère le reprend : « Il ne sied pas au fils d’un Président d’être vêtu comme un charbonnier ! » La réponse fuse : « Eh bien, je serai un Président charbonnier ! »

En 1789, Eugène est pensionnaire au Collège Bourbon d’Aix. La Révolution gronde : la famille s’enfuit à Nice alors dans le Piémont, où Eugène s’initie à l’italien.

Bientôt, poussés par les armées de la Révolution, les Mazenod gagnent Turin et en 1794, il faut fuir de nouveau jusqu’à Venise. Eugène est alors livré à lui-même. Mais un saint prêtre, don Bartolo Zinelli, lui fait continuer gratuitement ses études. Le prêtre lui donne ce mot d’ordre : « Rien contre Dieu, rien sans Dieu. » La vocation sacerdotale s’éveille chez Eugène.

Les armées de la République avancent encore. En 1797, les Mazenod sont contraints de fuir vers Naples, puis Palerme. Pour Eugène, la vie est très agréable auprès de la noblesse sicilienne. Au milieu des fêtes et mondanités, il reprend des études mais à la fin de son séjour sicilien, sa foi s’est sensiblement refroidie.

Un concordat est signé en 1801 entre Napoléon et le Pape Pie VII. Eugène rentre en France l’année suivante. Là, des divertissements bruyants et mondains aggravent son malaise.

Mais, un Vendredi Saint, une grâce de conversion lui est donnée et après une mûre délibération, il s’oriente vers le séminaire Saint-Sulpice de Paris.

Là, Eugène fait de rapides progrès dans les sciences ecclésiastiques et dans la vie intérieure. Il s’astreint à une sévère ascèse, et ouvre son cœur aux classes sociales qu’il considérait hier encore comme inférieures, et son zèle pour les missions s’enflamme.

Durant la captivité imposée par Napoléon au Pape Pie VII et à la Curie romaine (1809-1814), Eugène sert d’agent de liaison au Père Émery, l’âme de la résistance catholique.

Les maîtres sulpiciens, qui ne cachent pas leur opposition aux actes de l’empereur, sont expulsés du séminaire. Ils ne le quitteront qu’après avoir nommé en secret des remplaçants : parmi eux, Eugène remplira la fonction de directeur.

Il est ordonné prêtre le 21 décembre 1811. Un an plus tard L’abbé de Mazenod rejoint Aix-en-Provence. Il prononce son premier sermon en provençal afin d’être compris des plus humbles. Sa parole chaude embrase les cœurs.

Il prend à cœur l’éducation des enfants, car il voit se lever une génération qui ignore le nom même de Dieu. Il se trouve bientôt à la tête d’une vingtaine de jeunes qu’il forme à la piété et qu’il aime comme un père.

Son dévouement auprès des prisonniers lui vaut de contracter le typhus. Pendant quarante jours, il frise la mort ; mais finalement en guérit

En 1814, l’empire napoléonien s’écroule. Eugène peut enfin développer son œuvre en faveur de la jeunesse et donner des missions dans les paroisses rurales. Dans son cœur naît le projet d’une communauté qui se dévouerait aux missions populaires ainsi qu’à la formation du clergé.

Le 25 janvier 1816, il fonde, les Missionnaires de Provence, et il les installe dans un ancien couvent de carmélites.

Les missions paroissiales se multiplient : elles durent de quatre à cinq semaines. Le matin, on enseigne le Credo, les sacrements, les commandements de Dieu, le Notre Père. Le soir, on prêche sur la mort, le jugement, l’enfer, le purgatoire, le ciel. Les confessions occupent sept prêtres de cinq heures du matin à minuit pendant plus d’une semaine.

Le 16 août 1818, l’évêque de Digne appelle les Missionnaires de Provence à diriger le sanctuaire marial de Notre-Dame du Laus, dans les Alpes. Cette nouvelle mission provoque l’élévation de la Société en Congrégation liée par des vœux, afin de garantir l’unité des deux maisons. L’abbé de Mazenod en rédige les Règles.

En 1821, la communauté adopte les trois vœux de pauvreté, chasteté et obéissance. Une troisième maison est fondée à Marseille et des novices s’annoncent. En 1826, les Règles reçoivent l’approbation du Pape Léon XII qui impose le nouveau nom de la Société : “Oblats de Marie-Immaculée”.

En 1837, Mgr Fortuné de Mazenod démissionne et Eugène lui succède comme évêque de Marseille.

Durant son épiscopat qui durera vingt-trois ans, Mgr Eugène de Mazenod se dévoue pour son peuple, qu’il instruit directement en provençal, et pour son clergé dont il surveille personnellement la formation. Il favorise l’adoration eucharistique et restaure la liturgie romaine dans son intégralité.

Il invite instamment les prêtres à vivre en petites communautés. Il fonde 22 nouvelles paroisses, bâtit ou rénove 40 églises, construit une nouvelle cathédrale ainsi que, dominant la ville, la spectaculaire basilique de Notre-Dame de la Garde. 10 communautés religieuses d’hommes et 16 de femmes sont accueillies ou instituées dans le diocèse.

Restant le supérieur des Oblats de Marie-Immaculée, il saisit les occasions qui se présentent pour multiplier les établissements en France, en Grande-Bretagne et en Irlande, en Amérique du Nord, en Asie et en Afrique. Les sujets affluent : en 1861, Mgr de Mazenod peut dénombrer 414 oblats dont 6 évêques, à l’œuvre sur quatre continents.

Brisé par les ans et les travaux, l’évêque de Marseille supporte sa dernière maladie avec courage, avant de mourir le 21 mai 1861.

Il a été canonisé par Jean-Paul II, le 3 décembre 1995.

Dom Antoine Marie osb