André-Hubert FOURNET

(1752 - 1834)

Saint,
prêtre
,
fondateur
des Filles de la Croix

Né, en 1752 dans le petit village de Saint-Pierre-de-Maillé, il est baptisé le 7 décembre.

André aura l’enfance d’un fils de gentilhomme du milieu rural. C’est un petit garçon ouvert, généreux, un peu paresseux peut-être, un peu gâté et choyé par sa mère.

Suite à un coup de tête, il arrête ses études et s’engage dans l’armée, mais bientôt il se voit obligé à une retraite forcée chez un de ses oncles, Jean Fournet, Archiprêtre de Montmorillon.

Pour André Hubert, ce temps de retraite est un temps de réflexion… et après quelques mois passés près de cet oncle à la fois savant et proche des gens, il décide d’entrer au Séminaire.

En 1773, il a 20 ans. Il entre au séminaire de Poitiers. Dès lors, il fera des études rapides certes mais correctes…Il est prêtre en 1776.

Sa première nomination l’envoie comme vicaire à Haims pour un bref séjour près de son oncle, puis il est envoyé ensuite dans la paroisse St Phèle de Maillé.

En 1781, il a alors 29 ans, il reçoit la charge et le titre de Curé Doyen de St Pierre de Maillé et Archiprêtre d’Angles sur l’Anglin.

Il va habiter un grand presbytère, une des plus belles maisons du village, qu’il va faire restaurer et aménager de manière à y vivre confortablement avec sa mère et sa sœur Catherine.

Il est bien accueilli par toute la population : par les gens aisés parce qu’à travers les dernières générations, les Fournet sont devenus des gens très aisés… Il est bien accueilli par les moins favorisés, parce que les Fournet sont depuis toujours bien connus pour être des gens très charitables… dont la porte est toujours ouverte aux pauvres…

C’est un éloquent prédicateur et il met tout son cœur à préparer des sermons dignes de lui… et de ses auditeurs les plus instruits.

Bref, il vient de commencer une bonne carrière de prêtre bien payé et semble bien installé pour toute sa vie… sauf qu’une rencontre va tout changer.

C’est jour de grande réception pour un dîner et les invités sont attendus. Le curé est venu jeter un coup d’œil de maître sur l’ordre parfait qui règne dans le lieu du repas. Mais on a frappé... Le prêtre ouvre la porte découvrant ainsi au mendiant qui attend sur le seuil, le décor soigné de la pièce et l’odeur appétissante des mets préparés…frappent le pauvre mendiant

« Un peu d’argent, pour l’amour de Dieu, Mr le Curé »

Le pauvre est là, dans l’embrasure de la porte, présence inopportune et gênante pour le prêtre... il faut qu’il parte...il ne convient pas dans ce décor de vie facile.

« Mon brave, je n’ai pas d’argent, tenez donc un morceau de pain… »

« Pas d’argent, Mr le Curé ? Mais votre table en est couverte ! »

De fait : couverts d’argent, aiguières, chandeliers d’argent…ornent la table. Maudissant les curés riches qui ne comprennent rien à la misère des pauvres gens, le mendiant s’en va…

Cette rencontre va être la cause pour André-Hubert d’un changement dans son histoire… Évoquant lui-même ce fait, il dira plus tard « Si vous saviez comme j’étais autrefois, il a fallu qu’un pauvre me fasse vivement remarquer comment je vivais. »

Jusqu’à la fin de sa vie, il voudra être ce qu’il appelle « un pauvre pénitent » : avoir eu besoin d’accueillir le pardon et de l’accueillir toujours comme une grande grâce…

Il passe du temps en prière dans son église, devant le tabernacle…pour adorer et supplier.

Il vide son presbytère du luxe et du superflu, il vend les meubles de prix, réservant à sa mère et à sa sœur une façon de vivre décente.

Il se nourrit du pain des pauvres, se vêt simplement et désormais, les dépenses du presbytère sont autant pour aider les autres que pour répondre à ses propres besoins.

Il passe aussi du temps à rencontrer ses paroissiens, en particulier les plus humbles qu’il apprend à mieux connaître... Il change aussi sa manière de prêcher.

La Révolution, vient tout bouleverser. Les évêques seront élus, par les mêmes électeurs que les députés, et ces évêques élus n’auront plus besoin de l’investiture canonique du pape…et devront prêter serment à cette nouvelle Constitution de la Nation Française.

Par fidélité à l'Église catholique romaine, il refusa de prêter le serment constitutionnel exigé par la Révolution française. Il dut vivre dans la clandestinité durant les sombres années de la Terreur. Et il partit en exil en Espagne pour y rester cinq ans.

Il revient au pays au Printemps 1797... Obligé de se cacher chez les paysans, il est plus que jamais témoin des misères physiques et morales du petit peuple qui l’accueille. Pour soutenir la foi de ce peuple, il va tenter de le réunir pour des messes clandestines dans des lieux proches de St Pierre de Maillé.

Il célèbre, quand il le peut, ce qui est le propre de son ministère, des baptêmes qu’il inscrit sur son bréviaire.

C’est alors qu’il rencontre une jeune fille de la noblesse, frappée aussi par la révolution, mais qui aspire à une vie religieuse. Elle s’appelle Élisabeth Bichier des Âges. Il lui demandera son aide pour évangéliser ce peuple des campagnes. Elle acceptera.

Il fonde en 1807, avec Jeanne-Elisabeth Bichier des Ages, la congrégation des Filles de la Croix, qui se dévouent à l'éducation chrétienne des enfants et aux soins des malades pauvres.

Jeanne-Élisabeth Bichier des Âges – en sera la Supérieure et le Père Fournet, le père spirituel. Il fera entièrement confiance à la fondatrice pour ce qui est de l’administration et de la gestion de la Congrégation.

En 1820, l’évêque de Poitiers demande au Père Fournet de quitter la paroisse dont il est curé depuis près de quarante ans et de suivre la communauté des sœurs à La Puye. Il obéira. Il y restera jusqu’à sa mort.

Le 13 mai 1834, le père André-Hubert quitte cette vie.

Et voilà que les sœurs qui l’ont soigné et entouré jusqu’alors doivent, ce jour-là, laisser la place près du lit mortuaire aux gens venus des villages et des hameaux voir pour une dernière fois le bon Père et faire toucher chapelets ou mouchoirs… Ils disent : « Le saint est mort ! ».

Il sera béatifié le 19 mai 1926, et canonisé le 4 juin 1933 par Pie XI