Philippe NERI

(1515 - 1595)

Saint, prêtre,
Fondateur de l'Oratoire 

Philippe naît à Florence, en Toscane, le 21 juillet 1515, deuxième d’une famille de quatre enfants. Son père, Francesco, est notaire. Sa mère, Lucrezia, décède lorsqu’il a cinq ans. Elle est bientôt remplacée au foyer par Alessandra, deuxième épouse de Francesco, qui entoure l’enfant d’une tendresse particulière.

Très jeune, Philippe, déjà remarqué pour son caractère enjoué et docile, fréquente les Pères dominicains du couvent Saint-Marc. Philippe en retient un ardent amour de Jésus et l’appel à la conversion, qu’il manifestera en équilibre et douceur.

Après le pillage de Rome par les lansquenets impériaux, en 1527, suivi de celui de Florence, en 1530, Philippe est envoyé chez un riche parent qui a fait fortune dans les textiles. Il y commence une vie remplie de calculs de rentabilité sur le commerce des tissus et des laines. Mais bientôt, le jeune homme, troublé, se demande comment on peut licitement amasser tant d’argent alors que les pauvres sont si nombreux. Il décide de quitter son généreux bienfaiteur pour aller mener à Rome une vie plus évangélique. Là, il est accueilli par un compatriote florentin, directeur des douanes, devient précepteur des deux fils de son hôte et mène une vie très ascétique, se nourrissant d’olives, de pain et d’eau.

Philippe profite du voisinage de l’Université pontificale de Rome, “La Sapience”, pour étudier la philosophie et la théologie, non pas selon un programme systématique mais en approfondissant les matières les plus utiles pour aider les personnes qui s’adresseront à lui.

Le jeune homme se rend souvent la nuit à la catacombe de Saint-Sébastien pour prier. Là, la veille de la Pentecôte 1544, l’Esprit Saint lui donne une grâce exceptionnelle : il ressent un embrasement de charité dans son cœur et voit une flamme en forme de globe franchir ses lèvres ; il sent que cette flamme parvient jusqu’à son cœur et le fait vibrer très intensément. Cette grâce aura une répercussion sur toute sa vie, son cœur ayant été comme agrandi par l’amour divin. Lors d’une visite médicale pour une bronchite ordinaire, le médecin aura la stupéfaction de constater que des côtes ont été rompues par l’élargissement physique du cœur. Par la suite, le Seigneur gratifiera souvent Philippe d’extases et de dons surnaturels.

Philippe puise dans ses longues heures de prière un intense amour du prochain qui le porte à visiter les hôpitaux et à acquérir une solide compétence d’infirmier. Toutefois, le jeune homme comprend bientôt que les malades ont surtout besoin de se sentir aimés. Il s’occupe aussi des pèlerins pauvres et malades qui arrivent à Rome, pour lesquels, avec son confesseur, Persiano Rosa, il ouvre une maison d’accueil. Bientôt, il y reçoit également des convalescents, qui, dès que leur état commence à s’améliorer, sont chassés des hôpitaux pour faire place à d’autres et se trouvent souvent à la rue, avec de graves dangers de rechute. Cette activité se développe tellement qu’en 1548, il fonde la “Confrérie de la Trinité des Pèlerins”.

Convaincu par son confesseur, malgré la résistance de son humilité, de recevoir le sacerdoce, Philippe est ordonné le 23 mai 1551, à l’âge de 35 ans. Conscient de son indignité, il retarde la célébration de sa première Messe, mais peu à peu, il en arrive à concevoir le Saint-Sacrifice comme un bonheur divin et l’acte le plus sublime que puisse accomplir un homme. Toutefois, ses extases et lévitations devenant de plus en plus fréquentes, il évite de célébrer en public.

D’autre part, l’administration du sacrement de Pénitence rend son ministère auprès des âmes beaucoup plus fécond. Il sait mettre ses pénitents à l’aise et leur faire sentir d’emblée sa bienveillance et sa charité sacerdotale, parlant à chacun de la part du Seigneur et conseillant la communion fréquente.

Philippe Néri réunit des jeunes gens en cénacle. Il possède l’art d’expliquer les choses difficiles, mais sait également faire participer ses auditeurs à la conversation. Son humour, parfois audacieux, lui attire l’estime de beaucoup de jeunes curieux, bientôt emportés dans le sillage de sa foi brûlante. Peu à peu, ces jeunes se forment à la vie spirituelle. C’est la naissance de l’“Oratoire”. Ce terme désigne d’abord le local où l’on se réunit pour prier, puis le groupe de ceux qui le fréquentent, dénommés “Oratoriens”.

Dès 1559, Philippe inaugure les pèlerinages aux sept basiliques majeures de Rome, en esprit de pénitence. L’ambiance est au recueillement et à l’allégresse spirituelle. Au début, une trentaine de jeunes participent à ce pèlerinage, mais plus tard, ils seront des centaines voire des milliers. La veille, on commence par visiter Saint-Pierre ; le lendemain, on se retrouve à Saint-Paul, puis à la catacombe de Saint-Sébastien, à Saint-Jean-de-Latran, à Sainte-Croix-de-Jérusalem, à Saint-Laurent-hors-les-murs, pour finir à Sainte-Marie-Majeure.

Une délégation de florentins, ses compatriotes, demande à Philippe Néri de prendre en charge l’église Saint-Jean-des-Florentins, sur les bords du Tibre ; une communauté de l’Oratoire s’y installe. À cette époque se met en place la vie communautaire des prêtres de l’Oratoire. Il ne leur donne pas de Règle : sa direction spirituelle, agrémentée de quelques prescriptions de simple bon sens, qui reflètent une profonde connaissance du cœur de l’homme, leur en tient lieu.

En 1575, l’Oratoire est officiellement érigé par le Pape, et, en 1577, le fondateur est élu à la charge de premier Préposé général. Les postulants affluent. En 1586, l’assemblée plénière des Oratoriens se prononce en faveur d’une fondation à Naples. Par la suite, cette fondation évoluera vers une vie religieuse plus réglée, contrairement à l’Oratoire de Rome qui gardera le style informel voulu par le fondateur.

Des guérisons extraordinaires sont rapidement connues dans la ville ; elles contribuent à la réputation de sainteté de Philippe Néri, qui invente toutes sortes d’excentricités pour essayer de détromper les gens.

En 1590, il résiste à Grégoire XIV, nouvellement élu Pape, qui souhaite l’élever au cardinalat.

Philippe Néri accorde une grande importance aux sacrements. L’amour du Christ est le fondement de son apostolat, caractérisé par l’affabilité et la douceur : il accueille aimablement tous ceux qui se présentent, sait les écouter, se réjouir avec ceux qui sont dans la joie, s’affliger avec ceux qui pleurent.

Sa santé se détériorant de plus en plus, Philippe Néri démissionne, en décembre 1593, de sa charge de Préposé général. Mais il continue à recevoir dans sa chambre et descend de temps en temps à l’église pour entendre la confession

Au printemps de 1594, la Sainte Vierge lui apparaît dans sa chambre. Il affirme aux médecins : « Je n’ai plus besoin de vous. La Madone m’a guéri », ce qui se révèle exact. Philippe a toujours eu une dévotion profonde pour la Sainte Vierge.

Un an plus tard, dans la nuit du 26 au 27 mai, un malaise survient et tous ses frères accourent à son chevet. Le Père Baronius ; alors Préposé général, fait la recommandation de l’âme à Dieu et demande la bénédiction du moribond. Philippe lève la main et reste quelques instants dans cette position, les yeux tournés vers le ciel ; puis, ayant abaissé la main et fermé les yeux, il expire aussi tranquillement que quelqu’un qui s’endort.

Grégoire XV l’a canonisé le 12 mars 1622.   

    Dom Antoine Marie osb, abbé